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Impunité juridique, violence symbolique

Omerta de la société civile, culpabilisation des victimes, inadéquation des

réponses juridiques… En France, les violences sexuelles sont trop souvent

impunies malgré une libération de la parole des victimes. Des associations

comme Women Safe se mobilisent contre cette impunité.


84 000 femmes et 14 000 hommes de 18 à 75 ans sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année en France, selon l’Insee et l’Observatoire de la délinquance et des réponses pénales. Cependant, le nombre de condamnations pour viols a baissé de 40 % entre 2007 et 2016, malgré une augmentation des plaintes suite aux mouvements féministes de ces dernières années.


Des dysfonctionnements à tous les niveaux


Seule une plainte pour viol sur dix aboutit à une condamnation en France, et les trois quarts des plaintes sont classées sans suite. En cause : des dysfonctionnements dans notre réponse aux violences sexistes à tous les niveaux. Manque de formation des équipes de police spécialisées et des juges ou encore requalifications de viols en délits mineurs participent à une omerta généralisée. Ces dysfonctionnements résultent d’une culture du viol qu’ils contribuent aussi à nourrir. Selon le Groupe d’experts sur la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO), la définition juridique française du viol elle-même ne correspond pas à la complexité du crime : elle exige le recours à la violence, la contrainte, la menace ou la surprise mais n’intègre pas sur la notion de consentement.


« Dans les affaires finalement portées devant les tribunaux en dépit de ces obstacles, le nombre de condamnations reste très faible. Dans la plupart des cas, le violeur n'est pas puni, un coup très dur pour la femme qui a pris le risque de porter plainte. Cet état de fait ne saurait encourager les autres victimes à entamer des procédures », explique le Conseil de l’Europe. Suite à un viol ou tentative de viol, seules 12 % des victimes portent plainte.


#MeToo, #BalanceTonPorc, polémiques Polanski et Matzneff, ou encore l’affaire Haenel, sont autant de réactions d’une société minée par cette culture du viol qui participe grandement à l’impunité sociale des agresseurs. Une réalité qui opère de facto une violence symbolique sur les victimes. Artistes, personnalités politiques, gendarmes ou policiers, les agresseurs continuent de jouir de passe-droits.



Associations et gouvernement, une collaboration vitale


Pour lutter contre cette double impunité juridique et sociale, les associations se sont mobilisées via diverses campagnes de sensibilisation. C’est le cas de la campagne choc de Women Safe & Children sur les violences psychologiques, physiques et sexuelles contre les enfants.


Des rapports, tels que le Manifeste contre l’impunité des crimes sexuels de la docteure Salmona ou, plus récemment, la dizaine de groupes thématiques mis en place pour le Grenelle des violences conjugales, ont été réalisés dans le but d’apporter des solutions concrètes à ce problème. Interpellé, le gouvernement a fait part de plusieurs mesures pour traiter le mal à la racine, non sans susciter les retours critiques des associations de terrain.



Rédaction : Animal Pensant, en collaboration avec Women Safe

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