Quarante propositions ont été dévoilées en conclusion du Grenelle ce lundi 25 novembre. Le même jour, on dénombrait 138 féminicides depuis le début de l’année en France. Women Safe répond à certaines propositions du gouvernement, mesure par mesure.
Ce lundi 25 novembre, Édouard Philippe et Marlène Schiappa ont présenté officiellement les conclusions du Grenelle – une consultation de plusieurs semaines entre le gouvernement et les acteurs de terrain pour lutter plus efficacement contre les violences intrafamiliales. Des propositions qui ne prennent pourtant pas toujours en compte les réalités du terrain…
Créer des « maisons des femmes » dans les départements
Que des centres pluridisciplinaires comme Women Safe soient créés partout en France est une très bonne chose – la couverture du territoire est un enjeu majeur. En revanche, qu’entend-t-on par « maison des femmes » ? Quelle coordination avec les partenaires déjà ancrés sur le terrain, comme les plannings familiaux ? Women Safe déplore l’absence de réflexion sur les protocoles à mettre en place pour favoriser une véritable réponse pluridisciplinaire. Celle-ci supposerait a minima d’instaurer un dialogue entre les professionnel·le·s et des méthodologies partagées.
Un 3919, 24 heures sur 24
Cette mesure permettra de mieux identifier les victimes, mais pas de mieux les accompagner. À moins qu’elle ne soit assortie d’une augmentation des moyens des associations et dispositifs locaux, ce qui n’est pas toujours pas prévu par le gouvernement.
Levée du secret médical
La levée du secret médical, déjà prévue en cas de danger, se ferait sans autorisation de la victime. Dans ces circonstances, nous y sommes fortement défavorables : la victime doit participer à ce choix, être actrice de son propre parcours d’accompagnement. De plus, une telle décision prise sans concertation avec la victime pourrait la mettre fortement en danger.
Suppression de l’autorité parentale, confiscation des armes à feu…
Women Safe est favorable à ce que l’auteur d’un féminicide soit dépourvu d’autorité parentale, mais rappelle que cette mesure était en vigueur dans le cadre de l’ordonnance de protection. La confiscation des armes à feu existe quant à elle déjà dans la loi mais n’est pas appliquée. Sans compter que nombre d’agressions sont réalisées à l’aide d’objets du quotidien, comme le rappelait Camille Gharbidans son exposition « Preuves d’amour ».
Inscription de l’emprise dans la loi et considération des suicides forcés
Faire entrer la notion d’emprise et de suicide forcé dans la loi est une très bonne initiative. C’est un phénomène massif mais méconnu et les violences psychologiques sont le socle de toutes les autres formes de violences. Cependant, cette avancée en droit risque de ne servir à rien si la chaîne pénale n’est pas renforcée par des formations dans les commissariats, gendarmeries et tribunaux. De telles formations ont bien été annoncées par le gouvernement, sans pour autant que des précisions soient données sur les moyens alloués, ni sur l’intégration ou non dans ces formations des dispositifs locaux experts.
Pour que les mesures annoncées ne restent pas un vain exercice de communication, de véritables moyens doivent être alloués par le gouvernement en vue de leur mise en œuvre sur le terrain. Et sur ça, peu de propositions officielles, pour l’instant.
Rédaction : Animal Pendant, e,
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