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Surmonter les violences grâce au théâtre et à l’écriture

Chaque mercredi, Madeleine Planeix-Crocker anime l’atelier « théâtre et écriture »

de l’institut Women Safe. Avec elle, les participantes trouvent dans

l’art les ressources dont elles ont besoin pour se reconstruire.


Elles lisent et jouent Les Monologues du vagin, Médéeou Lysistrata. Les outils du théâtre et de l’écriture sont leurs armes. Ces femmes participent à un atelier à l’institut Women Safe. Pour Madeleine Planeix-Crocker, qui anime l’atelier, l’art est une ressource puissante pour se reconstruire.


Comment l’atelier « théâtre et écriture » s’inscrit-il dans le parcours de reconstruction proposé par Women Safe aux victimes de violences ?

M.P-C. :Ce qui fait de Women Safe un institut unique, c’est la pluridisciplinarité des activités et des soins offerts. Les femmes qui y viennent sont libres de créer leur propre parcours de reconstruction. Celui-ci peut passer par l’atelier « théâtre et écriture ». Elles peuvent y venir directement ou depuis un autre soin offert par l’institut, comme le massage, la psychothérapie ou les cercles de parole. Le théâtre est une manière particulière d’aborder le corps et d’incarner son histoire. Le but premier n’est pas simplement de dire les choses, mais plutôt de construire ensemble, de transcender. Pour certaines, l’art est un détour nécessaire pour se confronter au trauma et le surmonter.


Pourquoi coupler le théâtre et l’écriture au sein d’un même atelier ?

M.P-C. :Ce sont des arts complémentaires. Le théâtre est une libération : il permet simultanément de s’identifier aux personnages ou aux situations représentés, et de s’en désidentifier. Grâce à lui, on peut se libérer des émotions et les assumer. Le sentiment du tragique, du comique, de l’absurde, la colère, la frustration, l’espoir sont des émotions que les femmes victimes de violences ne sont pas invitées à exprimer pleinement lorsqu’elles échangent sur leurs parcours dans les institutions, notamment devant la justice. Avec le théâtre, on peut créer un espace sécurisé dans lequel l’expression de ces émotions souvent intenses est possible.

Le fait de pouvoir assumer ces sentiments dans cet espace est purificateur, c’est la vertu cathartique du théâtre. On prend aussi un recul qui permet de considérer différemment sa propre histoire et de se la réapproprier. L’écriture vient alors, dans un second temps : elle permet d’organiser son histoire une fois le recul acquis. Écrire son histoire, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Mais contrairement aux retranscriptions exactes des faits déposées au commissariat, les textes produits par les participantes de l’atelier passent par l’art : on peut parler d’une chose sans en parler, user de métaphores, de subversions. Les outils de l’écriture sont des armes pour maîtriser notre histoire et les émotions qui s’y rapportent, pour les transcender et en faire autre chose. Dans cet atelier, on se situe dans une démarche constructive, on crée quelque chose collectivement : à la fois un monologue propre à chaque participante et une communauté de femmes en reconstruction par l’art.


Et le rire ?

M.P-C. :C’est un outil essentiel. On retrouve le rire dans les Monologues du vagind’Eve Ensler, une des pièces que nous étudions dans l’atelier. Le rire permet l’identification et la distance. Pouvoir accéder au rire et à la dérision lorsqu’on représente ou lorsqu’on écrit un texte sur le trauma, c’est un signe de puissance.


Un dernier mot ?

M.P-C. :Je suis fière d’avoir facilité la construction d’une véritable communauté de femmes par le théâtre et l’écriture, au sein de l’espace de protection qu’est Women Safe. Grâce à ce travail collectif et collaboratif de longue durée, les participantes parviennent à surmonter les violences de genre et à en parler librement.

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