Violences sexistes, sexuelles et psychologiques sont le quotidien de nombreuses étudiantes dans l’enseignement supérieur en France. Les récents mouvements féministes ont-ils changé la donne ? Women Safe fait le point.
Selon deux sociologues qui ont travaillé sur l’impact de #Metoo sur les campus, Viviane Albenga et Johanna Dagorne, les étudiantes sont quatre fois plus victimes de harcèlement que la moyenne des femmes. Les campus, traditionnels lieux d’études et de découvertes, sont pour elles des terrains minés où sexisme, agressions sexuelles et violences psychologiques font loi.
Écoles de commerce : quand les « traditions » perpétuent la loi du silence
En octobre 2018, un sondage interne réalisé à HEC par l’association QPV HEC a révélé que 80 % des filles et 62 % des garçons interrogés parmi les étudiants trouvent les traditions de l’école « sexistes » ou « très sexistes ». 12 % des filles du panel ont quant à elles révélé avoir subi des violences sexuelles au sein de l’école. HEC n’est pas la seule école de commerce prestigieuse où se déroulent de tels actes. L’Edhec ou encore l’Essec partagent cette réalité inquiétante. En cause, des traditions sexistes perpétuées par des rites et pratiques assumées et favorisées par une ambiance sectaire et élitiste.
« Le sexisme que nous affichons en École est bien plus insidieux et de ce fait, bien plus dangereux. Nous nous sommes habitués à certains comportements perpétués de génération en génération », dénoncent deux étudiantes de l’ESCP-Europe dans leur tribune, « En École, nous sommes tous des Harvey Weinstein ».
Traumatismes psychologiques, stigmates humiliants, difficulté à trouver un premier emploi, rumeurs qui perdurent dans la vie professionnelle… Ces pressions exercées durant les études ont des conséquences graves et de long terme pour les victimes.
Bilan après #Metoo ?
D’après Viviane Albenga et Johanna Dagorne, depuis le début du mouvement, les étudiantes dénoncent trois fois plus fréquemment les faits de violences qu’en 2016. Une parole libérée qu’accompagnent de nombreuses initiatives menées par des associations étudiantes et des collectifs féministes. Quelques avancées sont à noter du côté des institutions. C’est le cas par exemple du dispositif mis en place par l’université de Paris, l’université Sorbonne Paris 6 ou l’université Paris 8 St Denis, en partenariat avec Women Safe pour lutter contre le harcèlement sexiste et sexuel, grâce à une écoute et un accompagnement personnalisés des victimes.
Toutefois, bien que les administrations des écoles et des universités commencent à réagir, beaucoup d’entre elles ont encore du mal à prendre les mesures nécessaires face aux violences sexistes et sexuelles. L’éducation et la sensibilisation des publics étudiants et enseignants restent pour l’heure plus que nécessaires.
Rédaction : Animal Pensant, en partenariat avec Women Safe
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